En effet,
My Chemical Romance a pris de l'assurance, s'engageant sans détour vers ce à quoi ils aspirent : un
punk-rock à la fois déjanté et surtout bourré d'influences aussi diverses que variées (citons les
Misfits pour leur goût certain pour le gothique ("Hang 'em High", "Cemetery Drive"),
Queen pour la magie des mélodies pop rock,
Iron Maiden pour les envolées saveur heavy metal à demi voilées ("Thank You For the Venom"),
The Mars Volta/ATDI (« To the End ») pour l'instabilité et l'urgence régnantes sur cet album. Ce mélange non conventionnel résulte en une musique qui ne l'est pas moins. MCR a de la suite dans les idées et surprend de bout en bout, primordialement grâce à la qualité des musiciens, à commencer par le meneur de la bande
Gerard Way, vocaliste charismatique, doué et inspiré, capable de passer de la douceur à la rage à demi contenue en une fraction de seconde. Il accentue donc la variété des émotions véhiculées par le groupe avec brio.
Ensuite, bien que menés par un même fil conducteur, les morceaux de la galette ne se ressemblent pas et à l'intérieur même de ceux-ci, MCR laisse la place à bon nombres de dérives et de passages différents mettant plus en scène les autres musiciens et leur talent respectif, un peu à la Mars Volta en somme. Pourtant il y a une différence fondamentale avec le groupe des chevelus, c'est que bien que résolument originale, personnelle et inspirée, la musique de My Chemical Romance est moins expérimentale, laissant bien plus de place aux structures plus conventionnelles et aux refrains.
Car c'est bien évidemment là le plus
gros atout de séduction de MCR: un sens de la mélodie incroyablement développé qui peut rallier tout le monde et n'importe qui à sa cause, une propension mélodique et émotionnelle à toute épreuve, sans tomber dans les clichés, les « déjà entendus », tout ça étant biensûr le plus marqué dans les refrains mais pas uniquement, loin de là. À noter également qu'aucune chanson ne donne l'impression d'être là pour remplir, toutes conttribuent à l'édifice.
Côté paroles (comme côté musique, et même jusque sur la pochette du cd), My Chemical Romance porte bien son nom aux connotations gothiques (renvoyant au roman
Frankenstein de Mary Shelley) : fascinés d'une part par le mal chez les êtres humains, et particulièrement le meurtre et la mort d'êtres chers, et d'autre part par l'alliance de ce mal avec l'amour, d'où des textes perturbés, mystérieux, troublants, réunissant souvent les deux aspects fondamentaux, sans clichés là non plus.